mardi 30 juillet 2019

Lettre d’adieu avec paysages

Une journaliste américaine venue dans l’Allemagne hitlérienne pour rédiger un article sur la situation des Juifs, tombée amoureuse du personnage principal, Bernie Gunther, est expulsée du pays.
Il y a un tableau de Caspar David Friedrich qui incarne ce que j’éprouve en ce moment. Il s’intitule Le Voyageur contemplant une mer de nuages. Si tu passes un jour à Hambourg, tu devrais aller y jeter un coup d’œil au Musée des beaux-arts de la ville. Au cas où tu ne connaîtrais pas ce tableau, il montre un homme seul, debout au sommet d’une montagne, contemplant au loin un paysage de cimes et de roches déchiquetées. Qu’il te suffise alors de m’imaginer dans la même position à l’arrière du SS Manhattan me ramenant à New York, les yeux fixés sur une Allemagne aride, déchiquetée et de plus en plus lointaine où tu te trouves, mon amour.
Si tu veux une image de mon cœur, tu pourras aussi penser à un autre tableau de Friedrich. Il a pour titre La Mer des glaces. Il représente un navire, à peine visible, broyé par de grands blocs de glace dans un paysage plus désolé que la surface de la lune. Je ne sais pas où l’on peut voir ce tableau, puisque je ne le connais que par les livres. Néanmoins, il illustre très bien la froide dévastation qui m’envahit actuellement.
Philip KERR, Hôtel Adlon
Éditions du Masque, 2012, p. 263 (trad. Philippe Bonnet)

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Caspar David Friedrich, Le Voyageur contemplant une mer de nuages (1818),
 95 x 75 cm, Kunsthalle de Hambourg

Caspar David Friedrich, La Mer de glace (1824),
Huile sur toile, 96,7 × 126,9 cm, Kunsthalle de Hambourg